mercredi 12 mars 2014

"Petits bobos" et autres propagandes

Resituons le débat.

Je n'ai AUCUN problème avec la fertilité et j'en suis fort heureuse. Je suis tombée enceinte très vite quand je l'ai voulu, jamais quand je ne l'ai pas voulu, avec des bébés qui poussent comme sur un sol fertile (enfin, celui en cours, jusqu'ici, celle déjà née, elle est fracassante de vie exubérante, j'en conclus qu'elle va bien).

Tout ça pour dire que l'état intéressant dans lequel je me trouve est une conséquence directe de choix de notre couple et que donc je ne m'en plains pas.

Mais bon.

A défaut de me taper les insupportables nausées du premier trimestre et plus si affinités, me voici affublée de la carte "douleurs ligamentaires". Ce n'est pas une surprise, c'était déjà le cas la première fois et j'ai huit ans de plus, autant dire : un corps moins jeune, moins adapté. Bref. J'en chie encore plus, en résumé.

Et je sais que ça va empirer dans les semaines à venir.

Je cherchais donc si quelqu'un avait parsemé les internets avec des remèdes de grand-mère qui auraient le bon goût de ne pas franchir la barrière placentaire. Autant vous dire : la quête du Graal. Quand on tape "grossesse" il y a un bot qui coupe tout le contenu intéressant du net et qui remplace par ce message unique : "ces petits bobos sans gravité disparaîtront après l'accouchement".

Le cri primal qui me monte aux lèvres, c'est "petit bobo, mais va te faire cuire le cul, CONNARD" (car forcément c'est écrit par un homme. Ou une femme sans enfants. Méchante et cruelle. Bref).

Alors et d'une, est-ce que vous avez vu une femme enceinte se plaindre de la gravité de ses tourments ? Non. On trouve ça douloureux, chiant, handicapant. Personne n'a prétendu qu'on allait en mourir, alors on a pas BESOIN qu'on nous fasse la leçon sur le fait que "rhooo lala c'est pour la bonne cause, fais pas ta chochotte, c'est même pas grave, en plus. C'est rien qu'un petit bobo".

Ne minore pas mes tourments ou je te fais accoucher par les narines, pigé ?

Et ensuite ce nirvana supposé qu'est supposé être l'après accouchement. Essaie de t'assoir après avoir expulsé la chair de ta chair du fond de ta chair. La foufoune en vrac, le bassin en kit Ikéa, le dos explosé et potentiellement une cicatrice d'épisio qui te rappelle, entre deux moments d'extase corporelle, qu'on est quand même là pour enfanter dans la douleur.

Alors bon. Que la médecine et l'humanité considèrent que les remèdes seraient pires que le mal, c'est une chose. Mais du coup, si vous n'avez pas de réponse, vous n'avez droit qu'à UNE réaction, ou alors je déverse un tombereau d'hormones déchaînées sur vous et les 17 générations qui vont suivre[1]. Une seule réaction, donc : la COM-PA-SSION.

Et le prochain qui parle de "petit bobo", je m'arrange pour qu'il expérimente dans sa chair avant qu'on en recause, ok ?

Note

[1] pour de vrai je ris de mes malheurs et j'essaie de vous en faire rire et de relativiser, ne croyez pas que j'ai la moindre énergie corporelle à déchaîner sur vous, là tut'suite

mercredi 5 mars 2014

Ma très chère interne

Alors en préambule et pour que les choses soient claires, je n'ai rien contre le fait de prêter mon corps à la science aux futurs médecins en formation, pour peu qu'ils n'en fassent pas n'importe quoi.

Aussi, quand je me suis inscrite à la maternité et qu'on m'a annoncé que je ne serai pas suivie par une sage-femme mais par un(e) interne, je n'y ai rien trouvé à redire.

Depuis je l'ai vue deux fois et...

... comment dire ?

On va dire qu'elle n'a pas fini d'apprendre !

Entre la première consultation où elle commence une phrase par "rassurez-moi, vous ne contractez pas ?" (à quoi je me suis mordu la langue pour ne pas lui répondre vertement que si c'était le cas, c'était son job à elle de me rassurer et pas l'inverse), le manque d'assurance et de douceur dans le geste, et celle de ce matin où elle m'a dit au revoir comme ça : "Bonne continuation ma petite dame" (mais ouaaaate ? On se croirait à la boulangerie ou au café du commerce !!!).

Et encore je passe sur le fait qu'elle avait une jeune femme en formation avec elle et qu'elle ne m'a ni présentée, ni demandé si j'étais ok pour être scrutée par une personne surnuméraire (on va dire que je suis exigeante sur la politesse requise en CHU...).

Bref. On va dire qu'heureusement que je suis de nature détendue, pas angoissée, pas facilement angoissable,et qu'il y a moyen d'en rigoler en racontant parce qu'elle ne me met pas en situation délicate, douloureuse, ou dangereuse.

Et doublement heureusement, d'ailleurs, parce qu'on fait quoi quand on se sent "mal traité", d'une façon ou d'une autre ? On en parle à qui ? Je crains que la question n'appelle des réponses fort différentes, du "ouais mais si on ne veut pas d'étudiantes on va en clinique" à d'autre, heureusement plus "orientées patients".

Par ailleurs et pour conclure sur une note bien moins aigre-douce, j'en profite pour saluer l'évolution des pratiques vers une prise en charge moins invasive et chiante que ma première, et la très grande bienveillance de toute l'équipe envers leurs patientes, quel que soient leurs âges, poids, couleur, niveau de compréhension ou même aptitude à parler le langage administratif couramment.

Bravo, merci, et faites durer ainsi jusqu'à l'accouchement, au moins ;-)